Le subjonctif est un mode composé de quatre temps : présent, passé, imparfait et plus-que-parfait. Les deux premiers font partie de la langue courante et les deux autres appartiennent à la langue soutenue. Cet article est une étude détaillée du présent et du passé du subjonctif.
Subjonctif : la formation
1. Présent
a. Règle de base
Le présent du subjonctif se forme sur le présent de l’indicatif. À cela, on ajoute les terminaisons suivantes : -e, -es, -e ; -ions ; -iez ; -ent.
Prenons l’exemple du verbe lire.
Présent de l’indicatif | Présent du subjonctif |
je lis
tu lis il/elle/on lit nous lisons vous lisez ils/elles lisent |
que je lise
que tu lises qu’il/elle/on lise que nous lisions que vous lisiez qu’ils/elles lisent |
b. Verbes à radical irrégulier
Quand les deux premières personnes du pluriel ont un radical irrégulier au présent de l’indicatif, elles l’ont aussi au présent du subjonctif.
Voyons quelques exemples.
Croire
Présent de l’indicatif | Présent du subjonctif |
je crois
tu crois /elle/on croit |
que je croie
que tu croies qu’il/elle/on croie |
nous croyons
vous croyez |
que nous croyions
que vous croyiez |
ils/elles croient | qu’ils/elles croient |
Devoir
Présent de l’indicatif | Présent du subjonctif |
je dois
tu dois il/elle/on doit |
que je doive
que tu doives qu’il/elle/on doive |
nous devons
vous devez |
que nous devions
que vous deviez |
ils/elles doivent | qu’ils/elles doivent |
c. Verbes totalement irréguliers
Certains verbes sont très irréguliers : être ; avoir ; faire ; aller ; savoir ; pouvoir ; vouloir…
Être : que je sois ; que tu sois ; qu’il/elle/on soit ; que nous soyons ; que vous soyez ; qu’ils/elles soient.
Avoir : que j’aie ; que tu aies ; qu’il/elle/on ait ; que nous ayons ; que vous ayez ; qu’ils/elles aient.
Faire : que je fasse ; que tu fasses ; qu’il/elle/on fasse ; que nous fassions ; que vous fassiez ; qu’ils/elles fassent.
Aller : que j’aille ; que tu ailles ; qu’il/elle/on aille ; que nous allions ; que vous alliez ; qu’ils/elles aillent.
Savoir : que je sache ; que tu saches ; qu’il/elle/on sache ; que nous sachions ; que vous sachiez ; qu’ils/elles sachent.
Pouvoir : que je puisse ; que tu puisses ; qu’il/elle/on puisse ; que nous puissions ; que vous puissiez ; qu’ils/elles puissent.
Vouloir : que je veuille ; que tu veuilles ; qu’il/elle/on veuille ; que nous voulions ; que vous vouliez ; qu’ils/elles veuillent.
2. Passé
Le passé du subjonctif se forme avec l’auxiliaire être ou avoir au présent du subjonctif et le participe passé du verbe.
Parler : que j’aie parlé…
Partir : que je sois parti(e)…
Les règles d’emploi des auxiliaires sont les mêmes que pour le passé composé.
Pour les revoir, cliquez sur le lien ci-dessous.
Article
3. Références temporelles
a. On emploie le présent pour exprimer une action simultanée ou postérieure à l’action principale.
Exemples
- Anne doutait que je dise la vérité. (Action simultanée.)
- Hier, Pierre voulait que j’aille chez lui. (Action postérieure.)
- J’aimerais que tu m’écoutes. (Action simultanée.)
- Elle voudrait que nous allions à la montagne en fin de semaine. (Action postérieure.)
b. On emploie le passé pour exprimer l’antériorité de l’action par rapport à l’action principale.
Exemples
J’étais content qu’elle soit venue.
(La venue de la personne est antérieure à ma joie.)
Je suis étonné(e) qu’il soit parti au Canada.
(Le voyage au Canada est antérieur à mon étonnement.)
c. Quand on parle du futur, on emploie le passé si l’on considère l’action comme accomplie.
Exemples
Il faut que je répare ce meuble demain.
(On considère la réparation en cours demain.)
Il faut que j’aie réparé ce meuble demain.
(On considère la réparation comme accomplie demain.)
Subjonctif : les emplois
On emploie le subjonctif quand il y a deux sujets et que le verbe principal ou un terme exprime une valeur donnée.
Les emplois du subjonctif sont en rapport avec l’individu. Ici, je vous en présente certains (ceux qu’on rencontre souvent) avec des explications.
1. Volonté
Par volonté, on entend une décision que l’on prend. Elle s’exprime avec le verbe vouloir à un temps de l’indicatif.
Exemples
- Je veux que ce bureau soit plus ordonné.
- Il voulait que tout le monde comprenne bien la situation.
→ Une volonté peut se concrétiser ou pas ; rien n’est certain.
2. Souhait
Le souhait est le désir de faire quelque chose ou de voir quelque chose se produire. Il s’exprime avec aimer ou vouloir au présent du conditionnel.
Exemples
- J’aimerais que tu réussisses tes examens.
- Tu voudrais qu’il soit plus compréhensif.
→ Rien n’assure la réalisation de ce souhait.
3. But
Un but est un objectif à atteindre ; on peut parler de finalité.
Il s’exprime avec une locution conjonctive. En voici quelques-unes : pour que, afin que, dans le but que…
Exemples
- Je t’explique le cours autrement pour que tu le comprennes.
- Nous vous appelons afin que vous appreniez la nouvelle.
→ Rien ne garantit la concrétisation de l’objectif.
Pour revoir le cours sur l’expression du but, cliquez sur le lien ci-dessous.
Article
4. Doute
Le doute est l’incertitude.
Il s’exprime avec douter à la forme affirmative.
Il peut aussi s’exprimer avec penser ou croire à la forme négative.
Exemples
- Je doute qu’il ait compris.
- Tu ne penses pas qu’il soit sincère.
→ Comme on doute, le subjonctif s’impose.
5. Hypothèse
Une hypothèse est une possibilité envisagée. On l’exprime avec le verbe impersonnel se pouvoir ou la structure impersonnelle il est possible.
Exemples
- Il se peut que Jacques soit à la maison.
- Il est possible qu’il fasse beau en fin de semaine.
→ Rien ne garantit que cette possibilité soit conforme à la réalité ou qu’elle se réalise.
6. Concession
Par concession, on entend un fait qui a une conséquence inattendue. On l’exprime avec bien que.
Exemples
- Bien que la journée ait été longue, vous êtes en pleine forme.
- Tu as chaud bien qu’il fasse froid.
→ On parle de deux faits réels mais le locuteur doute qu’il y ait un lien de cause à effet entre les deux actions.
7. Temps
Voici certains termes qui se rapportent au temps : jusqu’à ce que, avant que et attendre que.
Exemples
- Je suis resté(e) à la maison jusqu’à ce que Jacques me rejoigne.
- Nous sommes parti(e)s avant qu’il pleuve.
- Vous attendez que tout le monde soit prêt à partir.
→ On emploie le subjonctif parce qu’au moment où la première action se déroule, on ne sait pas quand se produira la seconde.
8. Obligation, nécessité ou besoin
Qu’on parle d’obligation, de nécessité ou de besoin, on emploie il faut que.
L’obligation est ce qui s’impose à un individu du point de vue légal ou moral.
Exemples
- Il faut que je fasse un chèque aux Impôts. (Point de vue légal.)
- Il faut que tu sois poli(e). (Point de vue moral.)
Par nécessité ou besoin, on entend l’action qu’on envisage pour la réalisation d’un objectif :
Il faut que nous achetions des vis pour poser ces étagères.
Le besoin est aussi ce qui s’impose à un individu à la suite d’une sensation de privation :
Il faut que je dorme.
→ On emploie le subjonctif parce qu’on parle de ce qui est lié à une personne en particulier.
9. Condition
Une condition est un évènement indispensable à la réalisation d’une action. Elle s’exprime avec à condition que ou pourvu que.
Exemples
- Nous arriverons à l’heure à condition qu’il y ait peu de circulation.
- Dimanche, j’irai à la plage pourvu qu’il fasse beau.
→ La condition peut se réaliser mais rien n’est sûr.
10. Restriction
Par restriction, on entend une action avec une conséquence contraire à celle prévue initialement. On l’exprime avec à moins que (à moins que = sauf si).
Exemples
- Je vais encore arriver en retard au travail à moins que le train parte à l’heure.
- Samedi, nous allons nous baigner à moins qu’il pleuve.
→ La restriction est incertaine.
11. Sentiments
Les sentiments sont ce que l’on ressent dans la durée. Ils s’expriment avec des verbes ou locutions verbales : être content(e) que, aimer que, adorer que, ne pas aimer que, détester que, avoir horreur que…
Exemples
- Je suis content(e) que vous soyez ici.
- Tu adores qu’on te fasse des compliments.
- Il déteste qu’on l’interrompe.
- Elle a horreur qu’on la fasse attendre.
→ Les sentiments sont le propre des êtres humains et varient d’une personne à l’autre.
12. Conseil
Un conseil est ce que l’on considère comme la meilleure chose à faire. On l’exprime avec falloir au présent de l’indicatif ou du conditionnel.
Exemples
- Il faut que vous vous couchiez plus tôt pour être en forme demain.
- Il faudrait que tu passes par les routes secondaires pour éviter la circulation.
→ Rien ne garantit que la personne suive le conseil.
13. Exception
Par exception, on entend ce qui est à un extrême. On l’exprime avec un superlatif (le plus ou le moins).
Exemples
- C’est la plus belle ville que j’aie visitée.
- Le dernier voyage est le moins agréable que nous ayons fait.
→ À l’avenir, ces considérations peuvent changer.
14. Inconnu dans les relatives
Par inconnu, on entend un nom précédé d’un article indéfini (exemple : un). La relative est la proposition (sujet + verbe + complément) avec un pronom relatif (exemple : qui).
Exemples
- Je cherche un plombier qui soit disponible rapidement.
(On ne sait pas si ce plombier existe.) - Je voudrais un livre de mathématiques qui ait des explications détaillées.
(On ne sait pas si ce livre existe.)
15. Permission et refus
Une permission est une autorisation : Il a accepté que j’aille au cinéma.
Un refus est une interdiction : Nous refusons que vous rentriez si tard.
→ Qu’on parle de permission ou de refus, tout dépend de la personne ou des personnes à qui on s’adresse.
Les certitudes sont tout ce que l’on considère réel donc on emploie l’indicatif.
Exemples
- Je suis certain(e) qu’il est chez lui.
- Il est sûr que Jacques a acheté des gâteaux.
- Elle est sûre que sa fille va réussir son examen.
Exercices
Exercice 1 (page 1/3). Conjuguez les verbes au temps indiqué.
Exercice 2 (page 2/3). Pour chaque phrase, lisez l’indice et choisissez le bon temps.
Exercice 3 (page 3/3). Pour chaque phrase, choisissez le temps au bon mode.